Marius Fortier, l'un des six fondateurs du club, repousse la candidature d'Alger Arbour (qui deviendra l'un des grands entraîneurs de l'histoire avec les Islanders de New York), et se tourne vers une ancienne autre gloire du Tricolore, le gardien légendaire Jacques Plante.
Il lui offre les postes de directeur-gérant et d'entraîneur, avec un contrat de 10 ans, à 60 000$ par année. Plante, qui n'a jamais dirigé un club de sa vie, signe son contrat le 2 mai 1973. Fortier croît avoir réalisé un grand coup. Il vient de mettre la main sur un brillant tacticien qui a été le premier gardien de l'histoire à porter un masque.
L'optimisme règne dans le club. Malgré les échecs dans les négociations pour mettre la main sur André Savard et Guy Lafleur, la direction parvient à signer Réjean Houle, Serge Bernier et Dale Hoganson. Ce qui devrait suffire pour aider l'équipe à participer aux séries éliminatoires.
Une fois de plus, les Nordiques connaissent beaucoup de succès à domicile. Après une séquence de 10 victoires d'affilée au Colisée, l'équipe se retrouve à un point du 1er rang dans l'Est. Les querelles internes viennent cependant nuire au rendement de l'équipe et l'entraîneur Jacques Plante est pointé du doigt. Des actionnaires ont monté un « dossier noir » contre lui et dans la tourmente, Marius Fortier va démissionner.
Les reproches
Que reproche-t-on exactement à Plante? Plusieurs de ses décisions en fait. Il a embauché un assistant qui a déplu aux joueurs, cet assistant fut congédié. Il a remplacé le soigneur par un statisticien qui n'avait jamais aiguisé une paire de patins. Il a engagé un physiothérapeute, une affaire qui a mal tourné et qui s'est terminée devant les tribunaux.
De plus, durant la saison, Plante se met à dos Réjean Houle en déclarant aux journalistes qu'il préférerait avoir Bob Gainey dans l'équipe. Ce n'est pas tout. Plante se brouille avec son gardien numéro un Serge Aubry. Ce dernier jure devant les journalistes qu'il ne lirait jamais le livre de Jacques Plante sur «l'art de garder les buts». Maurice Fillion s'en mêle et s'entend avec Chicago pour échanger Aubry, mais Plante bloque la transaction. Un fossé se crée entre les joueurs et l'entraîneur. D'autant plus qu'il omet d'inclure dans les entraînements des exercices pour l'attaque à 5.
Comme si ça n'allait pas assez mal, la haute direction demande constamment à Plante de couper les coins ronds. Des vols nolisés annulés à la dernière minute, un alignement réduit au strict minimum, même Serge Bernier, le meilleur attaquant du club, se fait demander d'économiser sur ses lacets de patin. Les joueurs se plaignent aux hauts dirigeants mais rien à faire, Plante reste en place.
Au dernier week-end de la saison, les Nordiques perdent les deux derniers matchs et sont exclus une fois de plus des séries, par un maigre petit point. Cette élimination fait beaucoup jaser dans la Vieille Capitale et tous les blâmes se portent vers le directeur-gérant et entraîneur, Jacques Plante.
Le 1er mai 1974, il quitte les Nordiques de son plein gré en laissant tomber les 9 dernières années de son contrat.
Sans l'ombre d'un doute, Jacques Plante aura marqué cette deuxième année d'existence des Nordiques de Québec.
Voici la légende de la photo :
Première rangée (de g. à dr.): Michel Deguise, Jean-Claude Tremblay, Donald D'Amours, Maurice Taschereau, Serge Aubry, Paul Racine, Jacques Plante, Renald Leclerc et Richard Brodeur.
Deuxième rangée: Michel Morin, Alain Beaulé, Jean Payette, Ken Desjardine, Pierre Guité, Pierre Roy, Serge Bernier, Jacques Blain, Réjean Houle et Brian Turpin.
Troisième rangée: Michel Parizeau, Normand Descôteaux, Jeannot Gilbert, François Lacombe, Dale Hoganson, Alain Caron et Michel Rouleau.
Quatrième rangée: Jean-Guy Gendron, Robert Guindon, Réjean Giroux, Dave Balon, Guy Dufour et André Gaudette.
Crédit photo: Les Photographes Kedl
Crédit : Histoire Nordiques