C'est alors que le millionnaire beauceron André Veilleux entre dans le portrait. Il provoque une onde de choc en proposant de se porter acquéreur des Nordiques. Veilleux investit 50 000$ et se joint au conseil d'administration. Peu de temps après, la situation est intenable. Veilleux outrepasse ses pouvoirs et tente de se débarrasser de la moitié des joueurs. Après lui avoir fait bien comprendre que c'était le rôle de Maurice Fillion, il quitte avec fracas. Malgré son court séjour, son intérêt pour le club remonte le moral des actionnaires.
Le cirque est terminé à Québec. Il est temps de passer aux choses sérieuses. Un nouvel état-major s'installe avec des responsabilités clairement définies. John Dacres devient le deuxième président des Nordiques, Maurice Fillion amorce un long mandat comme directeur-gérant et Jean-Guy Gendron, joueur nouvellement retraité, est nommé entraîneur. L'équipe compte également sur une nouvelle commandite, la brasserie O'Keefe.
Du côté des joueurs, pas de grand changement, mais l'arrivée de la «fierté de Saint-Émile» Réal Cloutier ravive les espoirs. Il est l'un des meilleurs jeunes joueurs de 18 ans à être recruté par un club de l'AMH.
Nouvelle division, meilleure saison
Avec l'arrivée de nouvelles équipes, les dirigeants de la ligue décident de créer une nouvelle division canadienne qui regroupent : Québec, Toronto, Winnipeg, Edmonton et Vancouver.
Dès le début de la saison, les Nordiques luttent pour le premier rang de la division canadienne avec les Toros de Toronto. Cependant, leur style de jeu endormant déplaît aux partisans au point de bouder de plus en plus le Colisée. Afin de remédier au problème, l'équipe fait l'acquisition de l'as-marqueur Marc Tardif. Dès son arrivée, Tardif inspire l'équipe qui commence à jouer un style de hockey plus innovateur et divertissant. Après 39 matchs, le Fleurdelysé, qui vient de remporter neuf victoires consécutives, est en tête de la division avec une avance de trois points sur Toronto.
Comme lors des deux premières saisons, les Nordiques poursuivent leur bon travail à domicile et, contrairement à leur médiocrité sur la route, ils jouent maintenant pour environ .500. Cependant, les joueurs du Fleurdelysé continuent de se faire brasser comme ce n'est pas permis. Le style «Broad Street Bullies» des Flyers de Philadelphie de la LNH dépeint sur les équipes de l'AMH. Les Nordiques connaissent un passage à vide de sept défaites de suite, mais ils parviennent à s'accrocher en tête de la division canadienne. Le 2 avril 1975, Québec assure son premier rang de la division et termine deuxième au classement général, derrière les Aeros de Houston.
Le séries et la coupe Avco
Au premier tour, les Nordiques affrontent les Roadrunners de Phoenix et remportent la série en cinq matchs. Déjà rendu en demi-finale, ils affrontent les Fighting Saints du Minnesota. Après quatre matchs, la série est égale 2 à 2. Inspirés par un excellent jeu défensif et par leur nouveau gardien numéro un Richard Brodeur, les Fleurdelysés gagnent les deux rencontres suivantes et se qualifient pour la grande finale contre la meilleure équipe de la ligue, les Aeros de Houston.
L'équipe québécoise s'attend à quelques jours de congé, mais est plutôt prise par surprise en étant expédiée sur-le-champ à Houston. À leur arrivée, un important congrès se tient dans la ville et les dirigeants de l'AMH ont oublié de réserver des chambres d'hôtel pour les joueurs des Nordiques. Ils sont envoyés à la hâte dans de modestes appartements qui sont infestés par des coquerelles et dénués de lits, de chaises et même de savon. Le joueur des Aeros Larry Hale déclare avec humour: « La dernière fois qu'une chose pareille est arrivée, c'était à Bethléem il y a 2000 ans ». Les Nordiques perdent le premier match 6 à 2.
Heureusement, des journalistes dénichent un hôtel pour l'équipe après ce match. Mais étant privés de leur as défenseur Jean-Claude Tremblay, les Fleurdelysés ne font pas le poids et sont déclassés par l'équipe des « Howe » qui compte dans leur rang le légendaire Gordie et ses deux fils, Mark et Marty. Québec est balayé en quatre parties.
Le club québécois peut être fier de cette troisième saison avec une présence en finale de la coupe Avco. Mais une chose semble évidente, pour rivaliser dans cette ligue, les Nordiques doivent ajouter de la robustesse à leur formation.
Légende de la photo :
Première rangée (de g. à dr.): Michel Deguise, Serge Aubry, Jean-Guy Gendron, Jean-Claude Tremblay, Maurice Filion, John Dacres et Richard Brodeur.
Deuxième rangée: René Lacasse, Steve Sutherland, Ric Jordan, Réjean Houle, Renald Leclerc, Serge Bernier, Marc Tardif, Pierre Roy et Claude Langlois.
Troisième rangée: Robert Guindon, Jean Bernier, Michel Parizeau, Réal Cloutier, André Gaudette et Jeannot Gilbert.
Quatrième rangée: François Lacombe, Christian Bordeleau et Dale Hoganson.
Crédit photo: Les Photographes Kedl
Crédit : Histoire Nordiques